J’interviens depuis 2015 auprès des doctorant·e·s pour leur proposer de se relier à leur thèse autrement.
Au départ, cette envie de proposer un pas de côté s’est concrétisée lorsque j’ai été choisie pour accompagner les doctorant·es dans la préparation au concours Ma Thèse en 180 secondes. Avec deux collègues, Eric Simon et Mélissa Rayé, nous avons proposé des séquences mêlant pensée visuelle, scénarisation de contenu et art oratoire, pour soutenir les personnes dans la vulgarisation de leurs travaux de recherche. Une aventure passionnante, reconduite d’année en année, qui nous a fait découvrir des dizaines de sujets de thèse passionnants.
Suite à ma formation au Tamalpa Institute de Californie, j’ai eu envie d’intégrer les dimensions corporelle, expressive et émotionnelle à mes accompagnements, dimensions très souvent marginalisées dans notre société occidentale cartésienne.
J’ai ainsi proposé, par petites touches, des séquences de Life Art Process (approche mêlant écriture, mouvement libre, dessin intuitif) pour questionner le lien d’un·e doctorant· à sa thèse, pour faciliter l’émergence de messages-clés ou encore pour clarifier la raison d’être profonde qui mène une personne à consacrer plusieurs années de sa vie à un sujet de recherche.
Ces séquences ont été particulièrement puissantes et inspirantes pour les doctorant·e·s : certain·e·s se sentaient stimulé·e·s dans leur dynamique de recherche, d’autres régénéré·es et soutenue·s dans leur motivation. Une personne a même eu un déclic qui a fait évoluer sa problématique de recherche.
Ressentir pour mieux réfléchir
J’ai la conviction que nous avons besoin d’apprendre à ressentir un sujet, en engageant nos sens, tout de nous, tout notre être. Et que c’est cette unité-là qui permet une réflexion puissante et profonde, parce qu’elle est incarnée : elle prend racine en nous.
C’est pourquoi j’organise différentes sessions de travail exploratoires auprès de différents publics (entrepreneurs, managers, enseignants, travailleurs sociaux)où les personnes sont invitées à se poser, respirer, écouter ce qui est là… pour ensuite s’engager dans la création librement et intuitivement, relier des univers qui ne se rencontrent jamais (l’expression artistique et la réflexion analytique) et voir alors ce qu’il en émerge.
La journée suit un processus en trois phases :
- IDENTIFICATION D’UN SUJET ET D’UNE INTENTION : on clarifie d’abord le sujet que l’on explore, en se mettant en lien avec lui. Les personnes peuvent choisir leur sujet de thèse tout entier ou bien une problématique plus précise qui est présente pour elles en ce moment.
- TEMPS EXPLORATOIRE DE DÉCENTRAGE ET DE CRÉATION : on s’engage ensuite dans l’exploration de ce sujet par les biais des arts expressifs : en dessinant, en ressentant dans son corps (je suis là pour guider les séquences… c’est une étape qui se décrit mal car elle s’expérimente !), en écrivant, en laissant apparaître et en croisant ce qui émerge. Une nouvelle compréhension apparaît, des ressources se dévoilent, parfois, des prises de conscience se cristallisent.
3. TEMPS DE RECENTRAGE ET DE MISES EN SENS : on revient ensuite dans le « vrai monde », nourri·e de ces découvertes, avec des questions très pragmatiques : qu’est-ce que ces créations (dessins, ressentis, écrits) m’apprennent que vais-je en faire ? Comment cela peut-il me nourrir dans la suite de mon doctorat ? Qu’est-ce que j’aborde autrement ? Que puis-je mettre en place de nouveau, de différent, pour honorer et intégrer ce qui a émergé ?
La prochaine session « L’art de ressentir sa thèse » aura lieu à Brest le 9 décembre 2024.
Elle est ouverte aux doctorant·e·s des écoles doctorales ALL (Arts, Lettres, Langue) et ELICCE (Éducation, Langages, Interactions, Cognition, Clinique, Expertise).
Bienvenue !
Pour en savoir davantage sur le Life Art Process, c’est par ici.
Vous pouvez aussi découvrir mon podcast sur l’entrepreneuriat « Entreprendre de tout son être ».