Relier le monde des approches corporelles et sensibles au monde de l’entreprise et des organisations s’avère être un sacré défi. Je m’en aperçois tous les jours ! Car il s’agit de faire se rencontrer des univers souvent opposés, avec des codes différents et un autre rapport au monde. Cela implique un véritable changement de paradigme. J’ai identifié en particulier 5 éléments qui se situent au cœur même des approches corporelles et qui vont à l’encontre de la culture d’entreprise classique.
1. Avant tout, ralentir…pour mieux sentir
Dans une société où l’on optimise les agendas, où l’on cherche à obtenir le maximum de résultats en un minimum de temps, le recours aux approches corporelles peut dérouter, car la première chose que l’on fait pour se relier à notre corps, c’est de… r a l e n t i r. Voire, de s’arrêter. Se poser, se déposer au sol, sentir son souffle, son ancrage, son volume intérieur. Être en lien avec ce qui se joue au-dedans.
Ralentir est la clé pour mieux sentir, plus en profondeur, plus finement. D’autres informations apparaissent, quand les plus habituelles s’estompent. Un autre pan de la réalité émerge. Une réalité sensible, sensorielle, tissée d’imaginaires, d’envies, de sensations, et même de pensées. Mais pas les pensées routinières qui tournent en boucle dans nos têtes. Des pensées fraîches, neuves, créatives, qui viennent du plus profond de notre matière habitée.
Ralentir permet d’ouvrir un espace où l’on cultive la présence ainsi que l’unité à soi et au monde. Cela contraste avec les courses effrénées contre la montre où notre corps est à un endroit et notre esprit à un autre, pressurisé par mille actions à accomplir en un temps record. Dans ces contextes, on démissionne de notre corps, plus ou moins consciemment. On oublie la saveur du présent.
2. Accepter les détours
Prendre le chemin le plus court est ce qui est le plus recherché car cela cadre avec une valeur phare de notre monde : l’efficacité.
Or, s’engager dans une exploration corporelle, dans une création (dessin, écrit, …) cela suppose un détour. Un détour parfois artistique, une plongée dans un autre monde où le temps est suspendu, ne serait-ce qu’un instant.
Lorsqu’on travaille sur un sujet avec le Life Art Process par exemple, l’exploration n’est pas frontale. On accepte le détour, le décalage, le décentrage. Dans la logique capitaliste, on pourrait appeler ça un investissement : on parie sur le fait que ce pas de côté nous emmènera, in fine, plus loin. Moi je crois surtout qu’il nous emmène au bon endroit, le bon endroit de nous-même et du monde. Là où les choses coulent de source, où le soutien du vivant invite au déploiement.
3. S’ouvrir à l’espace du non-savoir
A l’ère de la maîtrise et de l’expertise, il s’agit d’entrer en confiance dans un espace très singulier : l’espace du non-savoir. Lâcher les certitudes et les informations connues pour s’ouvrir à ce qu’on ne connait pas encore. Pourquoi construirait-on seulement à partir des informations dont on dispose déjà ? Ne serait-il pas plus audacieux et fertile de bâtir l’avenir aussi à partir de ce qui nous échappe et d’aller ainsi à la rencontre du « futur qui émerge » (cf l’approche de la Théorie U).
Travailler sur un sujet avec notre corps en mouvement, c’est se mettre en lien avec ce qui est vivant, moment après moment, sans présager de la suite, sans précéder ni forcer. Être à l’écoute, pleinement et entièrement, de ce qui se joue en nous. On est loin des prévisions à 10 ans, des tableurs Excel et des to do lists. On est juste au cœur de soi, à chaque seconde, en laissant se déployer le mouvement, les sensations et les métaphores qui viennent avec. Comme de précieux fils qui viendront tisser peu à peu une stratégie pérenne et robuste.
4. Remplacer les objectifs par des intentions
Cela peut faire peur, comme si lâcher les objectifs était une façon d’oublier ce que l’on souhaite accomplir, voire de se résigner ou de se dédouaner : peu importe si ça ne marche pas du moment… que j’ai l’intention que ça marche !
Je vois les choses vraiment autrement, comme une danse entre l’intérieur et l’extérieur : l’intention part de moi et rencontre le monde en douceur, là où l’objectif serait comme une recherche de contrôle forte sur le monde, sans amorce intérieure solide.
Un objectif se vise, on célèbre avant tout la ligne droite !
Une intention se déploie : on la laisse vivre, diffuser, rayonner, à partir d’un centre habité.
Un objectif s’atteint, on le coche, et hop il s’évapore… Quel sera le prochain ?
Une intention s’accueille, j’aime à croire qu’elle vit par elle-même, me rencontre à un moment puis poursuit son voyage.
L’objectif est loin, là-bas, il est souvent une projection pour les autres, dans le futur.
L’intention est au creux de moi, elle m’anime et infuse dans mes actions, ici et maintenant.
5. Préférer la curiosité à l’ambition
Cette invitation vient d’une enseignante en Contact Improvisation, Nancy Start Smith : elle parle de l’état d’esprit le plus soutenant pour elle lorsqu’il s’agit d’improviser. Je sens à quel point cette phrase « Tente de remplacer l’ambition par la curiosité » me touche. Les mots ont résonné très fort en moi, un peu comme s’ils ouvraient un espace qui mélange l’appétit et la détente, là où l’ambition peut resserrer, crisper, tendre ou focaliser. Lorsqu’on est curieux·se, le champ d’attention s’ouvre. Avec lui, les perceptions s’affinent. On ressent une certaine porosité à ce qui se joue au-dehors, on capte davantage, on intègre mieux. On se laisse porter, guider, embarquer. On accomplit des choses inédites sans même l’avoir cherché.
Qui sont les client·e·s prêt·e·s à goûter à ce changement de paradigme ?
Fort heureusement, je n’attends pas de rencontrer uniquement des clients « révolutionnaires » pour vivre de mon activité ! 😀 Mais chaque intervention que je mène suppose d’être en lien avec des personnes relativement ouvertes d’esprit, sensibles à l’innovation, qui ont envie de faire un pas de côté pour réfléchir autrement…
Je remercie au passage quelques clients pour leur audace et leur façon d’intégrer l’innovation au cœur des systèmes… Merci Rennes Métropole, les CCAS de Rennes, la Ville de Paris, l’Université de Bretagne Occidentale, l’ISFEC Bretagne, Natixis (tiens, une banque dans tout ça ?!), Sciences Po, Leroy Merlin, l’Université Paris Ouest Nanterre, l’incubateur d’entreprises Enzyme, pour n’en citer que quelques-uns.
Vous en connaissez d’autres ? Aidez-moi à les rencontrer !
Et si cela vous parle d’explorer ce changement de paradigme, peut-être aurez-vous envie de me rejoindre sur un prochain atelier ? Bienvenue à toutes et tous !
Le 21 janvier à El Capitan (tiers-lieu dans l’Orne) : soirée découverte autour du Life Art Process®
Le 22 janvier à El Capitan (tiers-lieu dans l’Orne) : atelier « L’art de rencontrer un obstacle »
Les 23-24 janvier à El Capitan (tiers-lieu dans l’Orne): atelier « Entreprendre de tout son être »
Le 26 avril à Brest : après-midi découverte du Life Art Process®
D’autres stages auront lieu prochainement à Brest, Rennes, Nantes et Paris. Pour être informé·e, n’hésitez pas à rejoindre ma newsletter !