Vers un dessin vrai et vivant

life art process dessiner avec le corps

Je retrace ici quelques prises de conscience dans mon rapport au dessin, en tentant de répondre à cette question : qu’est-ce qui m’a aidée à cheminer vers des créations visuelles imparfaites, mais vivantes ? Qu’est-ce qui m’a, peu à peu, libérée du résultat et de l’esthétique ?

Je suis la seule juge. Vraiment.

Première chose : savoir que les autres ne vont pas critiquer. Cette certitude que le regard des autres allait être bienveillant et positif sur mes créations, elle s’est forgée lors de mon cursus de formation à l’Institut Tamalpa, où je dessinais beaucoup. Imaginons qu’au bout d’une séquence de dessin (cela durait généralement 30 minutes), je revienne seulement avec un pauvre rond rouge dessiné sur la feuille, et rien d’autre (genre le truc fait en 2 secondes au stylo bille). Eh bien je savais que mes camarades ainsi que les enseignants à Tamalpa auraient regardé mon dessin avec des yeux pétillants et un appétit sincère de découverte, parce qu’ils auraient eu confiance dans le fait qu’il était le reflet de mon processus, à cet instant t, et qu’il avait de toute façon quelque chose à me délivrer, malgré son apparente « pauvreté ». Il avait tout simplement le droit d’exister. Vraiment, c’est comme ça que ça se passait ! Je trouvais ça dingue, cette curiosité inconditionnelle. Et même si j’étais revenue avec une feuille blanche, sans rien avoir dessiné… ce blanc, ce vide devenait une matière à danser et venait nourrir le processus. Il n’y avait jamais rien à prouver avec le Life Art Process. La notion d’échec était devenue obsolète. Impossible. Impensable.

life art process partage

Et si j’arrêtais d’être mon propre bourreau ?

Je me suis vite aperçue d’un truc, cela dit : il ne suffit pas que les autres ne portent pas de jugement sur mes créations. Il fallait surtout que je sois, moi, en paix avec elles. Ce qui m’a pris du temps car les habitudes sont coriaces, le perfectionnisme tenace, et on ne balaye pas en quelques jours des décennies de scolarisation, de compétition, d’évaluation et d’injonction à réussir.

J’ai appris à cultiver une certaine douceur et une forme de tolérance envers mes créations, tout au long de l’année. Plongée dans ce bain de bienveillance et d’autorisation, j’ai appris à considérer chaque tracé avec respect, à lui accorder toute mon attention et à lui donner ainsi de la valeur, quelle que soit sa forme. Je me suis progressivement libérée des codes, des attentes et de la tentation de la comparaison. Un espace nouveau est apparu et la joie est revenue.

La joie de la création

J’ai découvert la joie intense qui émane de la création pure. Lorsque je suis entièrement engagée dans la création d’un dessin, seconde après seconde, d’une façon sensorielle, sans projection ni jugement. Dans le flow. A mon rythme, qu’il soit lent ou rapide, continu ou saccadé, peu importe, du moment que je suis le fil du vivant en moi, qui s’exprime et se déploie. Je sais aujourd’hui combien la joie est un indice qui me montre que je suis sur la bonne voie.

L’entraînement

Cela peut paraître paradoxal, mais je crois que l’entraînement a aussi été un élément déclencheur dans mon cheminement. On a tendance à opposer lâcher prise et discipline, j’aime sentir lorsqu’ils se rencontrent. C’est nécessaire pour moi de m’organiser pour dédier des temps à la pratique libre du dessin. C’est en expérimentant que l’envie et le plaisir grandissent et que la spontanéité du tracé devient « la règle », ou disons, naturelle. J’ai besoin de poser clairement des temps de pratique réguliers où je laisse mes doigts s’amuser sur le papier, sans attente. J’ai besoin de dessiner, encore et encore, pour faire de plus en plus confiance à ce jet d’expression créateur et le laisser me guider.

Si ces réflexions résonnent et que vous êtes facilitateur·ice graphique, peut-être aurez-vous envie de tester un atelier spécialement conçu pour les professionnel·les de la pensée visuelle, avec les outils du Life Art Process ? A ce jour, il reste une toute dernière place ! Plus d’infos ici

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Toutes les photos de cet article ont été prises par Nicole Combeau.