Dans les coulisses de mon ordinateur

organisation organique

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Cet été, j’ai délaissé mon ordinateur au profit de scies, de tournevis et d’agrafeuses. Cela faisait un moment que je n’avais pas passé autant de temps sans ouvrir mon Mac. Peut-être qu’il m’en a voulu. Quand je l’ai sorti de son hibernation estivale, il n’a pas voulu redémarrer. Impossible de le réparer, même avec le meilleur spécialiste du coin ! Il fallait malheureusement en racheter un…

Après le désarroi premier, j’ai tâché de voir les choses positivement et d’en profiter pour me lancer dans un énorme tri, archivage et réorganisation de mes fichiers. J’ai consolidé une organisation qui fonctionne et affiné un système de classement que j’utilise depuis près de 4 ans et que j’ai l’élan de vous partager ici.

Un système organique, inspiré du vivant

Il s’agit d’une classification qui s’appuie sur le corps humain, dans laquelle mes fichiers se trouvent soit :

– répartis dans des dossiers représentant différentes parties de mon corps

– associés à certaines fonctions vitales

– rangés dans un milieu spécifique

Mon intention était de bénéficier d’un classement le plus organique possible pour mes fichiers. Je passe beaucoup (trop ?) de temps devant mon ordinateur et mon hypothèse est qu’une organisation organique pourrait avoir du bon, sur le long terme, et modifier de façon presque imperceptible mais néanmoins réelle ma façon de travailler. Si dans la structure même de mes dossiers, je suis en lien quotidien avec les notions de digestion, de vitalité, de ressourcement, est-ce que je ne serai pas plus encline à les respecter dans ma vie ? Je crois beaucoup au pouvoir des routines quotidiennes, à la façon dont elles infusent, tranquillement mais sûrement.

Particularités de ce système d’organisation

Ce système a trois particularités :

Il est dynamique : pour durer, il a besoin d’être en mouvement, ce qui implique que les dossiers vont être déplacés régulièrement d’un dossier parent à un autre.

Il ne distingue pas la vie professionnelle de la vie personnelle. C’était un souhait car cette séparation n’est pas aidante pour moi.

Il s’appuie sur un principe de la méthode GTD (Getting Things Done) de David Allen : séparer les documents activables (=qui nécessitent une action de ma part) des documents de référence (=ressources, éléments uniquement consultables)

LES DOSSIERS « PARTIES DU CORPS »

Sans les expliciter tous, laissez-moi vous présenter quelques dossiers clés relatifs à des parties du corps !

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Les pieds ou les projets en cours

J’aime avoir une vision d’ensemble de mes projets en cours, que j’ai décidé de situer au niveau de mes pieds.
J’ai glissé dans le dossier « Pieds » tous mes projets actuels (interventions en préparation, formations, enquêtes en cours, créations et réflexions du moment, …) Cela me permet, à l’ouverture de ce dossier, de voir en un clin d’oeil mon volume d’activité actuel : s’il y a du blanc, de l’air, si ça respire… ou si ça s’entasse et que je dois scroller pour voir le bout. Ce dossier est un bon indicateur de ma charge de travail actuelle.

Lorsqu’un projet n’est plus d’actualité, il rejoint le dossier Fonction vitale « Digéré », lui-même organisé en multiples sous-rubriques et axes différenciants pour faciliter l’archivage.

Les bras qui se déploient : la com’

J’ai l’image de quelqu’un qui déploie ses bras pour être visible, qui les étire pour se connecter au monde et sortir de sa bulle. Tout ce qui a trait à la communication autour de mon entreprise se trouve dans le dossier « Bras ». J’y place ma stratégie et mes supports de communication, ma charte graphique, les éléments liés à mon univers visuel, à ma présence en ligne, des ressources pour parler d’Alliam… En somme, toutes les choses qui sont visibles de l’extérieur.

Les mains qui relient : mes relations

Les « Mains » accueillent les éléments en lien avec mes partenaires, mes fournisseurs et mes clients. C’est ici que se nouent des relations, là où le dossier « Bras » est sans doute plus impersonnel. Dans « Mains », je garde trace des réseaux qui m’inspirent, des rencontres que j’ai faites, des groupes de codéveloppement ou des espaces de pratiques que je fréquente.

Pas trop sur mes épaules, pitié !

Dans mon système, le dossier « Epaules » est clairement le moins agréable. Il correspond à tous mes engagements, aux contraintes réglementaires, aux obligations administratives. Il contient ce que je dois absolument honorer et qui pourtant me pèse. Je prends une bonne bouffée d’oxygène avant de l’ouvrir. J’ai une to-do-list spéciale « Epaules » qui, lorsqu’elle est réalisée, me rend toute légère. Je crois que ça me rassure de contenir dans un même dossier toutes ces choses grises qui me plombent. Ce qui me fait placer un document dans le dossier « Epaules », c’est vraiment sa charge émotionnelle négative et la relation de déplaisir que j’entretiens avec lui.

Je souffle et respire, avec le dossier « Poumons »

Son opposé, c’est le dossier « Poumons ». Là, je mets tout ce qui me ressource, m’apaise, me régénère. Cela peut être des supports d’activité, des audios relaxants, des phrases inspirantes, des souvenirs… Dans son énergie, le dossier « Poumons » est proche du « Coeur », là où je mets ce qui m’inspire et me fait vibrer.

Près du coeur, le futur qui émerge

Sauf que j’ai décidé que « Coeur » serait davantage tourné vers le futur (je peux y déposer des idées folles, des éléments sur la vision d’Alliam, des sources d’inspiration à explorer, des expériences à goûter…) tandis que « Poumons » est pleinement dans le présent (je n’ai qu’à cliquer sur un audio pour qu’il se lance et me laisser porter). Aussi, « Poumons » n’appelle aucune action de ma part et contient uniquement des documents de référence (on revient à cette fameuse distinction du consultant David Allen) tandis que « Coeur » est amené à évoluer et nécessite mon attention pour la direction à prendre.

Debout, avec le soutien de ma colonne vertébrale

Dans « Colonne vertébrale », je place ce qui permet à mon activité de fonctionner, tant sur le plan organisationnel et logistique qu’économique : prévisionnels, frais & achats engagés, commande de matériel…

Un système personnel, 100% subjectif

La symbolique de chaque partie du corps est potentiellement partagée, mais sans doute aussi subjective. Chaque personne peut l’ajuster. Ce système est avant tout une exploration pour m’organiser et n’a pas vocation à représenter fidèlement toutes les parties du corps. C’est pourquoi vous constaterez facilement qu’il en manque ou que certaines parties se retrouvent dans les dossiers fonctions, ci-après : par exemple, je n’ai pas de dossier « Estomac » dans mes parties du corps mais j’ai le dossier « Digéré » dans les fonctions vitales.

LES DOSSIERS FONCTIONS VITALES

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A digérer

Dans ce dossier, je place des documents de référence, des ressources précieuses glanées ici et là en lien avec mon activité, des articles à lire… Ce sont des choses dont je n’ai pas encore pris connaissance en profondeur et que j’ai envie de découvrir bientôt. Il m’arrive, dans le train ou lors d’un moment calme d’ouvrir ce dossier « A digérer » et d’y piocher un élément qui m’appelle.

Digéré

C’est clairement le dossier le plus volumineux de mon ordinateur. C’est ici qu’atterrissent les « projets en cours » lorsqu’ils sont terminés, les éléments « à digérer » lorsque je me les suis appropriés, même si certains fichiers peuvent rejoindre d’autres dossiers parents. Il contient dans des sous-dossiers distincts :

  • des archives activables (comme par exemple des formations réalisées dont le déroulé pourrait m’inspirer à l’avenir pour un autre projet)
  • des documents de référence (contenu de formations suivies par exemple).

En gestation

« En gestation » contient des débuts de projet, des idées en sommeil, des collaborations en stand-by, des réponses en attente… J’y dépose des envies décousues, des aspirations qui suscitent de l’élan mais qui sont encore floues et loin du réel. Lorsque c’est plus clair, ce type de contenu se retrouve plutôt dans le dossier « Coeur » voire « Pieds » si j’y travaille déjà activement. Un « projet en cours » peut partir dans le dossier « En gestation » si je m’aperçois qu’il n’appelle plus d’action de ma part depuis un moment ou qu’il n’est pas encore mûr. Je consulte de temps en temps ce qu’il y a « en gestation » lorsque je fais le point sur mon activité, mes envies, mes priorités à moyen et long terme, pour sentir s’il n’y aurait pas certains éléments à déplacer vers le dossier « Pieds » qui contient les projets en cours. « En gestation » me permet d’accueillir ce qu’on nomme souvent « les idées folles » ou les choses qui animent mais paraissent encore lointaines. Je reste ainsi en contact avec une idée furtive, qui devient comme une graine semée… je fais confiance au temps pour sentir si elle poussera ou non.

A éliminer

Cette catégorie est la plus récente. Je mets ici les choses dont je ne veux plus mais qui existent pourtant. Mmmmh, vous voulez du concret ? Bon… par exemple, la preuve de paiement d’une contravention, le détail d’un problème technique récurrent, …

LES DOSSIERS MILIEU

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Nos organismes évoluent nécessairement dans un environnement, ce qui les rend perméables à leur milieu. J’ai choisi de placer ici certains éléments de celui-ci, en me concentrant notamment sur ce qui me soutient. Sous mes pieds.

Les éléments qui se trouvent dans les dossiers MILIEU sont uniquement des documents de référence, c’est-à-dire des éléments que je peux consulter ou réutiliser pour un nouveau projet, mais qui n’appellent aucune action de ma part.

Mes racines

Il y a dans ce dossier les éléments liés à mon histoire, une histoire perçue à travers le filtre de mes relations, qu’il s’agisse de mes relations aux autres ou de ma relation à moi-même. Je peux y mettre des éléments liés à ma généalogie, mes amitiés, mes histoires amoureuses, des écrits intimes importants, des e-mails envoyés et qui ont participé à mon alignement…

Ma terre

Je dépose ici toutes les approches qui m’ont profondément transformée. J’ai tout un dossier avec ma formation à l’Institut Tamalpa, des dossiers liés à mes explorations corporelles et somatiques, d’autres connectés à des courants de pensée (féminisme, antiracisme, justice sociale, bouddhisme, écologie…), à des pratiques qui m’accompagnent et m’inspirent (CNV, attitudes de Porter…)

Mon sol

Ce sont des choses qui suscitent mon enthousiasme et ma curiosité essentiellement sur le plan intellectuel, à la différence de ce que j’ai mis dans « Ma terre », qui sont des éléments ancrés et avec lesquels j’ai une relation plus émotionnelle. « Mon sol » s’organise en sous-dossiers en liens avec les champs qui m’intéressent particulièrement : pédagogie, facilitation, communication, outils visuels et facilitation graphique… J’y retrouve des découvertes, des savoirs, des bibliographies et sitographies, des ressources diverses. C’est un réservoir de ressources variées, qui ont le point commun d’être des documents non activables au sens de David Allen.

Ma maison

Alors pour le coup, ce dossier est à prendre au sens littéral. J’y classe les éléments liés à l’habitat partagé, à mon lieu de vie et ses habitant·e·s, ce qui inclue aussi des fichiers ressources sur la dynamique des tiers-lieux et la vie en coloc.

Milieu mouvant

Le dossier principal de cette rubrique s’intitule « Thèmes de formation ». Il contient des ressources appelées à être réactualisées, enrichies ou modifiées au fil de mes explorations. Tout y est classé de façon thématique.

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Réflexions sur la pratique de cette organisation

J’ai eu beaucoup de plaisir à créer ces catégories, à les affiner, à les fusionner parfois. A tâtonner, revenir en arrière. A créer mes raccourcis dossiers aussi.

Même si cela peut être perçu comme une contrainte, j’aime que les dossiers voyagent d’une rubrique à l’autre en fonction de leur degré d’avancement ou de la relation que j’entretiens avec eux.

Parmi tous les dossiers, deux sont de très bons indicateurs précieux de l’évolution de mon activité, un peu comme des baromètres qui me permettent rapidement de prendre le pouls de mon entreprise. Ce sont les dossiers « Pieds (projets en cours) » et « En gestation ». Le premier m’invite à être en lien avec tout le flux du travail actuel. Le deuxième me permet de rester connectée à ce qui est sur le point de naître, même si ce n’est pas encore mûr. Il y a beaucoup d’interactions entre ces deux dossiers, avec des déplacements de projet de l’un à l’autre.

Je reviens de plusieurs jour de formation au Body Mind Centering et je me dis que je pourrai encore complètement repenser les choses en fonction des matières de notre corps (à la place des parties du corps), avec les liquides, les tissus, les organes, les os, les fascias… mais bon, ce serait une toute autre aventure ! Je vais déjà voir comment ce classement-ci évolue dans le temps…

Et vous, vos dossiers ?

Je suis curieuse de connaître vos façons d’organiser vos dossiers, les trucs qui fonctionnent bien pour vous, les expérimentations en cours, … N’hésitez pas à partager en commentaires !

Du temps mécanique au temps organique

Si la question de l’organisation vous intéresse et que vous avez à coeur de développer un système respectueux du vivant, en cohérence avec votre fonctionnement et vos aspirations, peut-être aurez-vous envie de rejoindre la session de formation que nous coanimons avec Eric Simon ? Vous trouverez plus d’informations ici (programme, dates…)

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Visuel : Eric Simon