« Je verrai toujours vos visages »

film je verrai toujours vos visages

J’ai vu ce film qui m’a bouleversée. Je me suis demandée pourquoi.

Et je crois que c’est parce que ce film est une ode au dialogue. A sa force transformatrice. A son absolue nécessité, même lorsqu’il semble impossible ou sérieusement compromis, comme là, entre des victimes et des agresseurs, dans le cadre d’une démarche de justice restaurative.

Promesses

J’ai observé la puissance incroyable du dialogue dans ma vie, et dans mes relations. Par exemple, lorsque je vis des difficultés relationnelles, mon baromètre pour sentir comment peut évoluer une relation est : y a-t-il une possibilité de dialogue réel avec cette personne ? Est-ce que je peux m’exprimer dans toute mon authenticité et être entendue, pleinement reçue ? Y a-t-il un cadre pour permettre une écoute profonde ? Si je peux répondre oui à ces questions, cela me donne de la force pour prendre soin de la relation, mettre l’énergie nécessaire pour qu’elle se déploie, au-delà des noeuds ou des âpretés qui se manifestent.

Fragilités

J’ai aimé comment le film retrace l’évolution des personnages au fil des séances et met en lumière la force du processus de dialogue autant que sa fragilité. Composer avec les émotions qui surviennent, accepter ce qui peut être perçu comme un retour en arrière, déceler ce qu’il y a derrière les mots et en tirer les conséquences… La question du cadre est essentielle et se pose de façon aigüe lorsque l’on pressent qu’un dialogue sera plus destructeur que restaurateur, car en fait, ce ne sera pas vraiment un dialogue, dans le sens où les conditions (d’écoute, d’ouverture à l’autre, de présence, de parole authentique…) ne sont pas réunies.

Pratiquer le dialogue

Je suis heureuse de pouvoir cheminer aujourd’hui avec des espaces dans ma vie où le dialogue est présent, que ce soit dans ma vie intime ou dans mes relations professionnelles, et également à travers différents groupes de pratique que j’ai rejoints autour du dialogue selon les principes élaborés par David Bohm. Je sens combien il est précieux de pratiquer en cultivant une vigilance sincère, une attention particulière à ce qu’il se passe en moi lorsque je m’exprime à l’extérieur. J’ai besoin de m’entraîner, encore et encore. Observer mes sensations physiques, mes émotions, mes jugements, déceler mes besoins, parfois tapis dans l’obscurité. Oser les nommer. Voir ce que ça change. Recommencer.