Il y a des personnes que l’on croise et que l’on n’oublie pas… C’est le cas, pour moi, de Marie Motais. Par sa présence, ses outils et sa personnalité, elle a grandement coloré mon chemin d’émancipation et de transformation. Avec elle, j’ai puisé dans mes ressources, contacté ma créativité, découvert ma puissance et accueilli ma vulnérabilité. J’ai été soutenue par sa guidance subtile, par l’énergie du Life Art Process et le frais de la forêt. J’ai dansé, dessiné, vibré, ressenti, écrit… et petit à petit, j’ai recontacté des parts de moi que j’avais enfouies : ma femme sauvage, celle qui ose, qui s’affirme, qui assume sa vitalité. Celle qui sait dire non, aussi.
Ma découverte du Life Art
Je me souviens comme si c’était hier d’un stage de plusieurs jours dans la forêt de Brocéliande, en août 2018. C’est avec Marie que j’ai découvert pour la toute première fois le Life Art Process : j’ai réalisé mon premier autoportrait, je l’ai dansé, j’ai fait parler mes postures, laissé venir des métaphores corporelles, les ai transformées en poèmes, ai dessiné de nouveau… et c’était parti pour une cascade d’explorations sensorielles, de ressentis doux et intenses, de déclics, de questionnements. Je me rencontrais alors autrement, par le biais de l’expression artistique et j’en étais émerveillée. J’avais la sensation que mes créations me comprenaient mieux que moi, qu’elles étaient des guides précieux pour me refléter ce qui m’appelait. J’avais ces mots en tête « femme sauvage, sors de ta cage, voyage, voyage ! » Je sentais l’urgence de ce voyage intérieur, mais ne pressentais pas encore, à l’époque, qu’il me demanderait de traverser l’Atlantique. Un an après, je partais me former au Life Art Process à l’Intitut Tamalpa, en Californie (mais ça, c’est une autre histoire).
Créer et danser au creux de la forêt
Je me rappelle de moments de danse intenses où je me laissais nettoyer par le mouvement. Nous dansions énormément, le matin, la nuit, sous la lune, dehors, dedans. Parfois, la fatigue était telle que j’entrais dans un état second, je ne dansais plus, j’étais dansée et me laissais faire. Ma volonté se tenait à distance un moment, comme si elle regardait cette nouvelle Jeanne qui osait enfin lâcher prise… comme si elle s’apercevait qu’il y avait là quelque chose de profondément bon, même si c’était déroutant et que je ne comprenais pas tout. Je me souviens de moments de dessin, avec les pastels qui s’effritent, mais aussi avec la terre, les rochers, les feuilles, qui m’apparaissaient comme des matériaux extraordinaires pour laisser advenir une création vivante, une création qui ne se laisserait jamais figer dans une forme ou des codes esthétiques. Mes dessins étaient vivants et ils me racontaient mille choses. Nous marchions dans la forêt, hors sentier : je me rappelle marcher juste derrière Marie, sauf que moi je me prenais beaucoup d’échardes, et, ne voulant pas faire ma citadine chochote, j’avançais quand même, en prenant sur moi, les pieds un peu plus écorchés à chaque pas… je ne comprenais pas comment Marie se faufilait à travers les herbes piquantes, avec une rapidité incroyable, visiblement sans séquelle aucune (!), alors que j’avançais douloureusement malgré mes efforts soutenus pour scruter le sol très attentivement. Je me demandais si elle s’était habituée à ces petites souffrances ou si ses pieds étaient guidés par je ne sais quel instinct qui lui faisait rencontrer uniquement la douceur de la mousse et les herbes douces…
La sororité comme ressource
Je me souviens aussi des liens tissés avec les autres femmes (nous étions un grand groupe, plus d’une vingtaine) et je crois que j’ai vécu grâce à Marie, mes premiers instants de sororité pure. Cet accueil inconditionnel de chacune, ces invitations perpétuelles à être qui nous sommes, cette solidarité sincère et si puissante qui fait tellement de bien… Le moment le plus mémorable pour moi était l’expérience de la performance rituelle : nous avions chacune choisi un lieu au sein de la forêt, que nous avions rencontré, apprivoisé, transformé, investi. Nous passions du temps dans cet espace, à nous relier à notre intériorité. Puis, tout le groupe venait autour de ce lieu pour être témoin de ce que nous souhaitions partager : des danses, des mots des sons, des élans, des questionnements. Un moment intime et précieux pour se dévoiler, en commençant ce « solo » par la dédicace « je danse, pour »… Nous étions vues, entendues, pleinement reçues. J’ai vécu ma première performance rituelle comme un instant suspendu, d’une intensité frappante, qui m’accompagne encore aujourd’hui.
La nouvelle formation de Marie Motais
Et aujourd’hui, justement, Marie ouvre une formation unique, Anam Cara, où se mêlent de multiples approches et sources d’inspirations. Pour toutes les personnes qui souhaitent accompagner des projets en plongeant dans les pratiques artistiques et en honorant l’intelligence du vivant. J’aurai le plaisir d’y intervenir lors d’un module au cours de la deuxième année. Les inscriptions sont ouvertes, pour un mois encore !
