Danser des oeuvres d’art

jeanne dobriansky coline quintin émilie renaude

Souvent, dans les musées ou les lieux d’exposition, j’ai envie de danser. Les hauts plafonds, le volume des pièces, l’espace disponible réveillent en moi un désir de mouvement que j’ai appris à canaliser au fil de mes visites. Je me suis habituée à rendre la danse intérieure, en modifiant mon souffle ou bien ma démarche. D’ailleurs, j’ai observé que je respirais vraiment mieux dans les musées !

Ce mardi-là, à Logonna-Daoulas, j’étais invitée pour laisser libre cours à mon corps et à ma créativité, afin d’offrir une résonance corporelle aux oeuvres exposées, qu’il s’agisse de tableaux ou de sculptures. Une carte blanche donnée par le Collectif La Salle d’Attente à la chorégraphe et danseuse Coline Quintin, qui m’a proposé d’être sa binôme dans l’expérience, tandis qu’Emilie Renaude est venue nous soutenir musicalement, à la clarinette et au chant.

Je suis touchée et ça me fait bouger

De 15h à 18h, nous avons plongé dans des univers artistiques très différents, avec un fil unique : le mouvement. Comment cette sculpture vient me toucher ? De quelle façon cette peinture me fait bouger ? Quel endroit de mon corps réagit en premier lorsque je me mets en relation avec ce croquis ? Nous étions chacune dans nos bulles, avec quelques moments de rendez-vous ou de rencontres fortuites pour laisser place à un duo improvisé.

J’ai adoré l’expérience : rencontrer un tableau par mes sens, laisser mes ressentis physiques guider l’exploration, être surprise par les mouvements inattendus qui surgissent… J’ai eu le sentiment de lier des relations intimes avec certaines oeuvres, d’être saisie, de découvrir leur histoire à travers mes gestes, de les voir autrement parce que je les avais rencontrées au-dedans. Je me souviens notamment d’un dialogue surprenant avec le détail d’un tableau, détail tout à fait insignifiant à première vue. Mon corps a capté ce détail et l’a placé au centre de son attention. Et en dansant ce détail-là, c’est comme si le tableau changeait de nature et me délivrait son secret.

Ne rien chercher à comprendre. Plonger.

Ce processus m’a rappelé toutes les fois où je danse mes dessins lors d’une séquence de Life Art Process. Ne rien chercher à comprendre ni interpréter, simplement plonger. S’immerger dans les couleurs, les formes et les textures, accueillir les éléments figuratifs dans leur énergie ou leur géométrie, répondre aux symboles devinés avec ma propre subjectivité. C’est étonnant et très reposant.

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Envie d’expérimenter ?

C’est une expérience que je vous invite à vivre, la prochaine fois que vous irez dans un musée ! Laissez une oeuvre vous choisir, placez-vous devant elle. Fermez les yeux un instant pour ressentir votre intériorité plus nettement, le sol sous vos pieds, l’air dans vos narines, le volume de l’espace autour de vous. Ouvrez vos yeux et sentez que par cette ouverture des paupières, ce sont bien plus que vos yeux qui sont en résonance avec cette oeuvre : ce sont tous vos sens qui se rendent disponibles, prêts à recevoir, curieux de se laisser toucher. Laissez l’oeuvre s’imprimer en vous, peut-être d’abord de façon imperceptible. Reliez-vous au mouvement intérieur, à votre souffle, à une partie du corps qui se sent concernée. Instant après instant, sans rien chercher d’autre qu’une résonance immédiate et subjective. Sentez, suivez, bougez… vous pouvez ajouter votre voix, murmurer quelques mots…

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Merci Coline pour ces moments suspendus et ce duo improvisé !

Et merci au photographe Thierry Tanter d’avoir immortalisé cette après-midi !